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Le nouveau site internet de l’association Terre d’errance est en ligne !
http://terreerrance.jimdo.com
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Communiqué de presse
Calais, le 1er mars 2016
Le démantèlement d’une partie de la zone sud du bidonville de Calais a débuté lundi 29 février et se poursuit mardi 1er mars.
Les associations de soutien aux réfugiés de Calais constatent les faits suivants :
Les forces de police ont maintenu à l’écart les citoyens par un large cordon qui encerclait les abris concernés par l’expulsion empêchant ainsi le regard citoyen sur les actions des autorités.
Cette opération policière s’est accompagnée de gazage massif et d’utilisation d’un canon à eau de manière indiscriminée et non proportionnée face à une opposition qui affichait clairement sa volonté pacifiste. Ces attaques n’ont fait l’objet d’aucune sommation préalable.
Dès le début des opérations, les policiers ont refusé la mise à l’abri des enfants et des familles dans l’école du Chemin des Dunes, les exposant ainsi aux gaz lacrymogènes et à la violence de la répression.
Un enfant de 13 ans a été interpellé et emmené par les forces de l’ordre, sans possibilité de contact avec lui.
Au regard de ces faits, force est de constater que les agissements de l’Etat ne respectent aucun des engagements pris publiquement depuis plusieurs jours : absence de brutalité et de violence, concertation et dialogue, délai pour la mise à l’abri des personnes. Le ministre de l’intérieur lui-même indiquait lors de son discours au Mans le 22 février qu’« à Calais, c’est une solution d’hébergement pour tous qui est proposé pour résorber un bidonville. Ce n’est pas de dissoudre la souffrance dans le vide avec brutalité. Ce que nous voulons faire dans la zone sud de la Lande, c’est une opération de mise à l’abri ». Il poursuivait le 25 février à Bruxelles qu’il « n’a jamais été question pour le gouvernement français d’envoyer des bulldozers sur la lande pour procéder à une dispersion des migrants ».
Ce discours lénifiant de l’Etat ne vise qu’à camoufler la réalité : l’Etat ne respecte pas ses engagements. Il entend parvenir à la démolition complète d’un bidonville qu’il a lui-même créé en avril 2015, et ceci par tous les moyens sans aucune considération pour les réfugiés, ni pour les Calaisiens d’ailleurs. Car tout comme les migrants, ils subissent depuis maintenant plus de 20 ans la même politique de l’échec. Celle qui consiste-de Sangatte à l’actuel démantèlement de la Jungle- à croire qu’en déplaçant le problème on le résoudra.
Organisations signataires
Auberge des migrants
Care4Calais
Collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62
Comité Sans Papier 59
Emmaüs France
FSU 59/62
Help Refugee
Itinérance Cherbourg
Groupe d’information et de soutien aux immigré.e.s (Gisti)
Le Réveil Voyageur
Ligue des droits de l’homme (LDH) Dunkerque
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) Dunkerque
Salam Nord Pas-de-Calais
Secours Catholique Caritas France
Terre d’errance
Utopia 56
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Migreurop
18 décembre 2015
Déclaration de Calais
Refusons l’encampement des exilé·e·s et la clôture des frontières
À l’occasion de ses dix ans, le réseau Migreurop était réuni le week-end dernier à Calais pour apporter son soutien aux exilé·e·s retenus dans les nasses du Calaisis, ainsi qu’aux militant·e·s et organisations engagées dans les luttes contre les politiques de chasse aux migrant·e·s pratiquées par les États français, britannique et par l’Union européenne (UE).
Ces trois jours de débats avec des militant·e·s venus de toute l’Europe, de Turquie et d’Afrique ont débouché sur un constat partagé. La fortification du port de Calais et du site d’Eurotunnel, appuyée par un harcèlement policier incessant, contraignent les personnes à tenter de passer en Grande-Bretagne dans des conditions de « clandestinité » toujours plus périlleuses. Il s’agit là de l’une des multiples déclinaisons d’une politique menée à toutes les frontières de l’Europe pour entraver la circulation des exilé·e·s. Elle va souvent de pair avec des conditions de vie misérables et une ghettoïsation qui les criminalisent (par des interdictions et des contrôles abusifs) et les coupent des populations et solidarités de proximité. Ces camps et autres bidonvilles sont le fruit de politiques européennes constamment réaffirmées, bien que mises en échec par les stratégies de contournement des migrant·e·s : l’utopie de frontières ouvertes aux seuls privilégiés de la mondialisation conduit à l’institutionnalisation de la maltraitance des exilé·e·s et non à mettre fin à l’exil…
Les dispositifs de surveillance et de contrôle (barrières de Ceuta et Melilla ou à l’entrée de la Macédoine, murs aux frontières gréco-turque et serbo-hongroise, patrouilles de l’agence Frontex et opération Sophia en Méditerranée…) sont censés maintenir les migrant·e·s loin de l’Europe. Ils interviennent en complément des politiques de non-délivrance de visas et de coopération avec les pays dits d’origine – y compris les plus dictatoriaux – appelés à entraver les départs. Les droits fondamentaux de millions de personnes, notamment celui de demander l’asile, sont ainsi bafoués. Faute de voies légales d’accès aux territoires européens, elles sont condamnées à des persécutions policières, à l’exploitation de leur misère par des passeurs, et à la survie dans des conditions d’extrême précarité. Ces dernières ne peuvent qu’aggraver les traumatismes liés aux guerres et aux violences multiples auxquelles ces exilé·e·s tentent d’échapper.
Dans le Calaisis, la double barrière juridique du traité du Touquet (qui fixe les conditions de la sous-traitance à la France du contrôle de la frontière britannique) et du règlement Dublin III (qui oblige les demandeurs d’asile à déposer leur demande dans le premier pays de l’UE traversé) rend impossible que Soudanais, Syriens, Irakiens, Erythréens, Afghans… demandent l’asile au Royaume-Uni. En 2014, le Royaume-Uni n’a ainsi reçu que 30 000 des 630 000 demandes d’asile enregistrées dans l’Union européenne. Ce nombre, en baisse depuis plusieurs années, ne devrait pas connaître d’évolution majeure en 2015, alors même que les arrivées dans l’UE ont connu une augmentation qualifiée d’« historique ».
La situation que connaît le Calaisis depuis près de 20 ans (le camp de Sangatte « fermé » en 2002 avait ouvert en 1999) est symptomatique des politiques que prône avec une constance aveugle l’Union européenne. Ainsi, les projets de « hotspots » et de « processing centres » se traduiront immanquablement, s’ils sont effectivement mis en œuvre, par la création d’immenses centres d’enfermement en Italie, en Grèce mais aussi au Niger et en Turquie. L’« encampement », le plus loin possible des regards des sociétés civiles, est bien l’horizon ultime des politiques migratoires de l’Union européenne : à force de trier les migrant·e·s, elle en arrive à violer les droits humains les plus fondamentaux, voire à provoquer la mort de nombreux exilé.e.s.
Le réseau Migreurop tient solennellement à réaffirmer que le respect des droits et de la dignité humaine exige que cesse toute forme d’enfermement et de ghettoïsation des personnes exerçant leur droit à quitter leurs pays. Les conditions d’un accueil digne, dans le Calaisis et ailleurs, passent aussi par l’abolition du règlement de Dublin et de son cortège de renvois forcés. Il doit aussi être mis fin aux multiples contrôles liés aux accords franco-britanniques (tels celui du Touquet) qui ont transformé la frontière en clôture au lieu d’en faire un lieu de passages légaux et protégés.
18 décembre 2015
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Lettre ouverte au premier ministre sur le nettoyage de Calais (et dispersion dans les CRAs de France)
Lettre ouverte à M. Manuel VALLS Premier Ministre
Monsieur le Premier Ministre,
L’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE) s’est donné pour objectif de dénoncer la banalisation de l’enfermement administratif comme mode de gestion des étrangers.
Depuis le 21 octobre dernier, votre Gouvernement a lancé une vaste opération de déplacement forcé d’une partie des personnes de nationalité étrangère (notamment des Syriens, des Irakiens, des Iraniens, des Afghans et des Érythréens) regroupées dans la région de Calais. Les associations présentes sur place et dans les centres de rétention administrative (CRA) font état de plus d’un millier de personnes déplacées puis enfermées en rétention dans sept centres disséminés sur le territoire métropolitain : Marseille, Nîmes, Toulouse, Rouen, Paris-Vincennes, Mesnil-Amelot et Metz. La quasi-totalité de ces personnes, dont certaines ont déjà subi un précédent placement en rétention, ont été ou seront libérées dans les cinq jours suivants, soit à l’initiative de l’administration elle-même, soit par un juge des libertés et de la détention, soit enfin par un tribunal administratif.
La gestion « industrialisée » (un jet privé, un avion de la sécurité civile, des bus…) de ces déplacements forcés paraît être organisée au moyen de véritables détournements de procédure. En plaçant ces personnes en rétention administrative, l’administration fait en effet usage de la procédure d’éloignement et ce, alors même que la plupart d’entre elles ne peut manifestement y être soumise, soit qu’elles relèvent du statut de réfugié soit qu’elles viennent d’un pays dont la situation intérieure interdit de les y renvoyer. Ainsi apparaît-il clairement que l’administration instrumentalise une procédure qu’elle sait d’avance ne pouvoir mener à son terme et qu’elle ne poursuit pas d’autre but, en enfermant ces personnes, que de les disperser et les dissuader de poursuivre leur route.
Ces violations répétées des textes se doublent d’autant de violations des droits humains : des familles sont séparées, des enfants sont laissés seuls à Calais quand leurs parents sont envoyés en CRA, des personnes sont raflées plusieurs fois de suite. C’est une gestion brutale, humiliante, traumatisante et coûteuse du « désengorgement » du Calaisis que vos services font subir à ces personnes venues chercher une protection internationale auprès de l’Union européenne.
C’est pourquoi les organisations membres de l’OEE souhaitent vous interroger sur la logique qui préside à ces opérations, le cadre juridique dans lequel elles s’inscrivent, les buts qu’elles poursuivent ainsi que sur leur cohérence tant politique que, accessoirement, budgétaire.
De plus, l’OEE vous demande de bien vouloir faire cesser immédiatement les violations des droits des personnes déplacées du Calaisis dans les centres de rétention.
Dans l’attente des éclaircissements que vous aurez à cœur de nous apporter, tant la situation de ces personnes est préoccupante, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier ministre, à l’assurance de notre parfaite considération.
Paris, 1er décembre 2015
Organisations membres de l’OEE :
Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers (Anafé) ; Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) ; Avocats pour la Défense des Droits des Étrangers (ADDE) ; Comité Médical pour les Exilés (Comede) ; Droits d’Urgence ; Fédération des associations de solidarité avec tou-te-s les immigré-e-s (FASTI) ; Groupe d’Information et de Soutien des Immigré.e.s (GISTI) ; Genepi ; La Cimade ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) ; Observatoire du CRA de Palaiseau ; Revue Pratiques ; Syndicat de la Magistrature (SM) ; Syndicat de la Médecine Générale (SMG) ;Syndicat des Avocats de France (SAF).
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Non, le mouvement No Border n’est pas responsable de l’augmentation de la tension dans le Calaisis
« Ils incitent les migrants à des actes de violence ». « Ils profitent du désarroi et de la détresse des migrants, et les poussent (…) à l’émeute ». « Ils utilisent les migrants pour leur propre combat ». Le ministère de l’intérieur, la maire de Calais, la préfète du Pas-de-Calais ont uni leurs voix pour accuser les militants No Border d’être à l’origine de l’augmentation de la tension à Calais et à l’intérieur du ghetto où ont été assignés plusieurs milliers d’exilé.e.s.
Les No Border les inciteraient à affronter les forces de l’ordre, leur conseilleraient de bloquer les camions sur les routes pour passer en Angleterre, et les dissuaderaient d’accepter des propositions alternatives d’hébergement…
Nous, associations et collectifs qui soutenons les exilé.e.s, affirmons que ces accusations sont mensongères et infondées.
Depuis des années, le mouvement No Border œuvre en solidarité avec les migrant.e.s de Calais, au travers d’actions de toutes sortes. Aide matérielle, accompagnements administratifs et sanitaires, conseil juridique, à l’instar de ce que pratiquent les autres organisations du Calaisis, mais aussi ouverture de divers squats pour des exilé.e.s laissé.e.s à la merci des vents et de la pluie, et recueil d’observations des violences policières qui a ouvert la voie à plusieurs enquêtes du Défenseur des droits aux conclusions accablantes pour l’administration. C’est de toute évidence cette obstination à établir et à dénoncer les violences institutionnelles que les pouvoirs publics entendent faire payer aux No Border, n’hésitant ni à user de la calomnie pour les marginaliser, ni à instrumentaliser l’appareil judiciaire.
La violence, de quel côté est-elle ?
Des milliers de personnes qui ont fui les guerres et les dictatures contraintes de survivre dans un terrain éloigné de tout, sans toit, quasiment sans eau, ni toilettes, sans accès aux soins suffisants ni à une information juridique de qualité… La violence n’est-elle pas dans l’indignité d’un tel traitement ?
La violence, c’est aussi la récusation systématique des conclusions de toutes les enquêtes qui, depuis des années, apportent les preuves de graves dérives de la part des pouvoirs publics, qu’il s’agisse des conditions d’accueil, du comportement des forces de l’ordre ou de la passivité de la justice. Cette mauvaise foi s’applique de la même manière aux observations convergentes du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, du Défenseur des droits et de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), de Human Rights Watch, ou d’associations nationales. Elle se manifeste, par ailleurs, par l’ignorance de constats en manquement aux règles de l’asile de l’Union européenne ou par la contestation de décisions de justice, comme celle, toute récente, du Tribunal Administratif de Lille ordonnant des améliorations urgentes des conditions de vie dans le ghetto de Calais.
La violence, c’est encore la volonté des autorités aussi bien nationales que municipales de reléguer les personnes migrantes loin de la ville, de chercher à les rendre invisibles, en ne tolérant leur présence qu’en un lieu excentré que les autorités appellent « la lande » pour dissimuler qu’il est en réalité un bidonville situé à la fois sur une ancienne décharge, une zone classée Seveso et un espace naturel protégé.
La violence, c’est aussi cette politique de dispersion qui entraîne des centaines d’interpellations et de placements en rétention illégaux aux quatre coins du territoire français, dans l’unique objectif de repousser les personnes exilées loin de Calais et des autres camps du Nord Pas-de-Calais. C’est une politique absurde et coûteuse qui n’a qu’un résultat : davantage d’humiliation et de traumatismes.
La violence, c’est enfin celle de murs et de barbelés toujours plus nombreux et sophistiqués, celle d’une frontière entre la France et la Grande-Bretagne qui déroge aux règles de libre circulation au sein de l’UE et a ouvert la voie à une coopération policière franco-britannique qui permet la multiplication des contrôles à la faveur d’un empilement d’accords bilatéraux [1]. En étanchéisant la Manche et la Mer du Nord, cette coopération policière transforme le Calaisis en nasse où s’agglutinent les personnes migrantes, avec pour conséquence la multiplication de prises de risque et d’accidents trop souvent mortels pour franchir l’obstacle à tout prix, selon la même logique qu’en Méditerranée.
Dans un contexte aussi hostile, comment croire que les personnes exilées aient besoin de conseils ou d’encouragements d’une pincée d’activistes pour tenter de forcer le passage, alors même que leur nombre – entre 4 500 et 6 000 -, qui n’a jamais été aussi élevé, leur confère une capacité renforcée de résistance et d’initiative ?
Pour les pouvoirs publics, les attaques calomnieuses contre le réseau No Border présentent l’avantage de détourner le regard de l’opinion de leurs propres responsabilités. Depuis près de vingt ans, tous les gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, ont méthodiquement créé les conditions d’un pourrissement qui, au-delà de Calais, affecte une zone géographique toujours plus large.
À travers les militants No Border, ce sont tous les membres de nos organisations qui sont visés par des accusations sans autre objectif que de faire oublier où est la violence et où sont les responsabilités. Nos associations et collectifs ne sont pas toujours d’accord et parlent rarement d’une seule voix. Mais nous ne laisserons aucun d’entre nous être tenu pour responsable de la violence du contexte actuel.
Nos organisations saluent la présence du mouvement No Border à Calais et reconnaissent l’importance du travail mené par ses militants.
17 novembre 2015
Organisations signataires :
•Alternative libertaire
•Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT)
•Association des Marocains en France (AMF)
•Attac
•Auberge des migrants (Calais)
•Barbed Wire Britain Network (Grande-Bretagne)
•Collectif Calais, Ouverture, Humanité (Calais)
•Collectif de soutien des exilés (Paris)
•Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre Solidaire (CCFD)
•Droits devant !!
•Emmaüs Dunkerque
•Emmaüs France
•Emmaüs International
•Ensemble !
•Federación de SOS Racismo del estado español
•Fédération des Associations de Solidarité avec Tou.te.s les Immigré.e.s (FASTI)
•Femmes Egalité
•Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s (GISTI)
•Initiatives pour un autre monde (IPAM)
•Ligue des droits de l’Homme (LDH)
•Le Réveil Voyageur (Calais)
•Migreurop (réseau européen et africain)
•Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
•Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)
•Parti communiste des ouvriers de France (PCOF)
•Réseau Éducation sans frontières (RESF)
•Sang pour sans
•Service jésuite des réfugiés (JRS France)
•Syndicat des avocats de France (SAF)
•Terre d’errance (Norrent-Fontes, Pas-de-Calais)
•Union Syndicale Solidaires
[1] Entre autres, Protocole de Sangatte (1991), Protocole additionnel au protocole de Sangatte (2000), Traité du Touquet (2003), Accord modifiant l’Arrangement sur le Protocole additionnel au Protocole de Sangatte (2007), Arrangement franco-britannique (2009), Déclarations communes des ministres de l’intérieur français et britannique (2014 et 2015
10/10/2015
À Norrent-Fontes (Pas-de-Calais), mettre à l’abri les réfugiés est un délit
Prétendant abroger le délit d’aide au séjour irrégulier [1], dit délit de solidarité, Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, affirmait : « Notre loi ne saurait punir ceux qui, en toute bonne foi, veulent tendre une main secourable » [2]. Or les modifications introduites dans la législation ne suppriment de fait pas le délit de solidarité [3]. Devenu premier ministre, le même a déclaré le 16 septembre dernier, pour commenter la décision française d’accueil sur le territoire national d’une partie des réfugiés qui frappent depuis des semaines aux portes de l’Europe [4] : « Il faut du cœur, bien sûr, mais un cœur intelligent » [5]
Six cent maires et élus locaux disposés à prendre en charge des demandeurs d’asile dans leur ville ont récemment été conviés par le ministre de l’Intérieur à une réunion très médiatisée, où on les a assurés du soutien de l’État dans cet accueil. Le préfet Kleber Arhoul, nommé coordinateur, s’est notamment vu confier le mandat d’être « à l’écoute des initiatives citoyennes » [6].
Au même moment, les citoyens qui s’organisent pour essayer d’offrir les moins mauvaises conditions possibles aux exilés qui passent dans leur commune ont quelque raison de s’interroger sur ce qu’est l’« intelligence du cœur » prônée au sommet de l’État…
À Norrent-Fontes, l’une des jungles du Pas-de-Calais, quatre abris pour les exilés avaient été construits en 2012, avec l’accord du maire de l’époque. Deux de ces abris de fortune ayant été détruits au printemps dernier dans un incendie accidentel, les soutiens locaux, dont les membres de l’association Terre d’errance, ont entrepris de le reconstruire. Las : le maire aujourd’hui en fonction ne l’a pas entendu de cette oreille, et a pris début août, arguant de piètres motifs d’urbanisme [7], un arrêté d’interdiction de cette reconstruction. Les militants de Terre d’errance sont accusés d’avoir enfreint cet arrêté au motif qu’ayant stoppé les travaux de construction ils ont cependant posé une toile pour permettre aux exilés de se protéger de la pluie…
Mettre à l’abri : voilà donc né un nouveau délit de solidarité ! À ce jour, plusieurs membres de Terre d’errance ont été convoqués à la gendarmerie pour des interrogatoires, en attendant, peut-être, une inculpation.
Quid des principes d’humanité et de solidarité, rappelés avec force par les autorités ? L’écart entre les annonces gouvernementales et des pratiques locales d’intimidation d’acteurs de terrain ne peut qu’être souligné par nos organisations qui :
Le 10 octobre prochain, à Norrent-Fontes [8], avec Terre d’errance, nous porterons ces revendications aux côtés de de toutes celles et ceux qui veulent que la solidarité ne soit plus traitée comme un délit.
Organisations signataires :
région Nord-Pas-de-Calais :
ADRA antenne locale Dunkerque
Auberge des migrants
Calais Ouverture et Humanité
Collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62
Emmaüs Dunkerque
Itinérance Cherbourg
La Cimade Nord-Picardie
LDH 62
Réveil voyageur
Salam Nord/Pas-de-Calais
Secours Catholique du Pas-de-Calais
Terre d’errance
Terre d’Errance Flandres Littoral
Terre d’Errance Steenvoorde
organisations nationales :
Action tunisienne
ADTF (Association Démocratique des Tunisiens en France)
Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers)
ASEFRR (Association Solidarité Essonne Familles Roumaines et Rroms)
ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France)
CCFD-Terre Solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le développement)
CRID (Centre de Recherche et d’Informations pour le Développement)
Droits et ici là-bas
Emmaüs France
Emmaüs international
FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réadaptation sociale)
Foi & Justice Afrique-Europe
FORIM (Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations)
France-Amérique-Latine
France Libertés
FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives)
Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau
Organisation pour une citoyenneté universelle (OCU)
RESF (Réseau Éducation Sans Frontières)
Secours islamique
Solidarité laïque
Syndicat de la magistrature (SM)
« Un toit, c’est un droit »
Union syndicale Solidaires
Mouvement Utopia
et pour la CFDA (Coordination française pour le droit d’asile) :
ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture)
APSR (Association d’accueil aux Médecins et Personnels de Santé Réfugiés en France)
ARDHIS (Association pour la Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et transsexuelles à l’Immigration et au Séjour)
Comede (Comité pour la santé des exilés)
Dom’Asile
FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s)
GAS (Groupe accueil et solidarité)
GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s)
JRS France (Jesuit Refugee Service)
La Cimade
LDH (Ligue des droits de l’Homme)
Médecins du Monde (MdM)
MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)
Centre Primo Levi
Secours catholique
[1] Loi n° 2012-1560 du 31 décembre 2012 relative à la retenue pour vérification du droit au séjour et modifiant le délit d’aide au séjour irrégulier pour en exclure les actions humanitaires et désintéressées
[2] Discours de M. Valls au Sénat devant la Commission des lois, 25 juillet 2012
[3] cf. Contrôle des étrangers : ce que change la loi du 31 décembre 2012, ADDE, La Cimade, Fasti, Gisti, Syndicat de la magistrature et le dossier Délits de solidarité sur le site du Gisti
[4] On relèvera que l’accueil d’une trentaine de milliers de personnes en deux ans est un geste bien dérisoire au regard de la démographie et des ressources nationales, comme au regard du nombre de personnes aujourd’hui en quête de protection internationale
[5] Discours de M. Valls à l’ouverture du débat à l’assemblée nationale sur l’accueil des réfugiés, 16 septembre 2015
[7] Le terrain sur lequel est située la jungle de Norrent-Fontes serait une zone non constructible car inondable
[8] Infos sur la page Facebook de Terre d’errance
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Ce vendredi, Bernard Cazeneuve a rencontré les représentants nationaux des ONG engagées auprès des personnes migrantes. Suite à cela et face à l’attitude des autorités, le mouvement Emmaüs a décidé de rompre tout dialogue avec le gouvernement.
http://emmaus-france.org/crise-des-migrants-a-calais-emmaus-rompt-tout-dialogue-avec-le-gouvernement/
A Norrent-Fontes, l’enquête menée par la gendarmerie est terminée et le dossier a sans doute déjà été remis au parquet de Béthune.
Nous attendons de savoir si oui ou non, notre belle association sera poursuivie pour assistance à personnes en danger.
Pour avoir osé faire passer les droits humains fondamentaux avant le droit de l’urbanisme.
Le discours des autorités est en contradiction avec leurs actions sur le terrain, notre appel à nous soutenir et à soutenir les exilés est plus que jamais d’actualité :
N’hésitez pas à ajouter votre photo à ce bel album ! https://www.facebook.com/terrederrance
Nous espérons que vous serez nombreuses et nombreux à venir le samedi 10 octobre !
https://www.facebook.com/events/503149936527839/
Rendez-vous à 11h au camp de Norrent-Fontes (rue de Rely, suivre le fléchage)
– buvette,
– buffet partagé (merci d’amener une tarte ou un cake salé ou sucré) avec du pain frais et des crêpes !
– concerts dès 12h: CECILE MIRLAND et SABINE SCALABRE, KRIMO, HK & les SALTIMBANKS, JEF KINO, PRIMAVEZ, THOMAS SUEL, EXISTENCE SAINE, LAW… punk musette, cirque, slam, chant lyrique : des concerts solidaires qui allumeront nos étoiles de citoyens du monde !
Rendez-vous à partir de 18h salle du vert feuillage à Ham en Artois (fléchage, prix libre)
– buvette et sandwichs
– jeux anciens en bois
– Spectacles et concerts dès 18h: LES CROQUEUX D’NOTES, AIRE HIP-HOP, TRIBAL DANSE, CHUTE!, MANUEL PARIS, LA JONCTION, BURNING LADY, MYSTICAL MAN…rap, danse, chanson, punk, cirque, musique traditionnelle.
Pas sûrs du temps qu’il fera, mais la pluie ne nous empêchera pas de défendre l’hospitalité !
à samedi prochain !
les milivoles et bénétantes de Terre d’Errance
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Bonjour à tous,
Ce mercredi 16, un bénévole de Terre d’Errance était entendu par la gendarmerie dans le cadre de l’enquête préliminaire menée par le procureur à cause des palettes, de la tôle et des bâches que l’association a commencé d’assembler pour abriter les exilés sans refuge qui passent par là.
Une vingtaine de personnes l’ont soutenu devant la gendarmerie.
Ce jeudi 17, c’était au tour de la présidente de l’association. Et une quarantaine de personnes étaient présentes.
Sans doute la semaine prochaine, un autre bénévole sera entendu. Nous vous préviendrons dès que possible et vous demandons de rester vigilants afin d’être plus nombreux encore pour lui !
L’association est donc mise en cause à l’heure où de grands discours d’accueil sont prononcés.
Il lui est reprochée de ne pas avoir respecté le droit de l’urbanisme alors qu’elle construit un abri d’infortune sur un terrain perdu entre les champs qui a été mis à disposition par la précédente municipalité sans que cela n’ait été contesté par le maire actuel.
Terre d’Errance est fière de son action et affirme que les autorités ne respectent pas les droits fondamentaux et notamment celui de l’hébergement inconditionnel.
En association ou individuellement, il est plus que jamais important de montrer votre solidarité:
– ADHÉREZ (5€ ou plus à l’ordre de Terre d’Errance, 18 rue du grand Mariais, 62180 Ham en Artois)
ACTIONS A MENER AVEC NOUS !
– ENVOYEZ NOUS UNE PHOTO DE VOUS POUR CONSTRUIRE L’HOSPITALITÉ https://www.facebook.com/events/503149936527839/
1/ Prenez une photo de vous avec une pancarte sur laquelle il est écrit:
« je m’appelle………je construis l’hospitalité et je suis prêt.e à être poursuivi.e »
2/ Envoyez-nous votre photo à cette adresse : abrisolidaire@gmail.com
3/ si vous avez un profil facebook, nous vous demandons de taguer le profil de Terre d’Errance et de mettre cette photo en profil toute la journée du samedi 10/10.
Ce jour là, nous construirons un abri virtuel avec toutes les photos solidaires.
Merci de faire tourner votre photo sur et dans les réseaux, merci d’inviter vos amis sociaux à faire de même
-PARTICIPEZ A LA JOURNÉE ET A LA SOIRÉE DE SOUTIEN LE SAMEDI 10 OCTOBRE https://www.facebook.com/events/503149936527839/
Au camp de Norrent-Fontes à partir de 11h (spectacles, concerts, jeux, ateliers et auberge espagnole en présence d’HK & le Saltimbank, de Cirqu’en Cavale, de Aire Hip-Hop et bien d’autres…) En salle à partir de 18h à Ham en Artois, rue de l’église au « complexe du Vert Feuillage »(jeux de société, jeux traditionnels en bois puis concerts en soirée: programmation en cours)
D’avance, merci et à très bientôt !
Les milivoles et bénétants de Terre d’Errance
06.95.28.29.43.
terrederrance@mon-asso.org
https://www.facebook.com/terrederrance
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Le 19 septembre à 12h sur le bidonville de Calais ou 14h le long des grilles du port, vous êtes tous invités à vous joindre à la mobilisation citoyenne de solidarités avec les réfugiés.
Au cours du rassemblement, plusieurs actions seront organisées:
12h – Rendez-vous au bidonville de Calais (Centre Jules Ferry)
Adresse : Lieu-dit Le Moulin Rouge, Route de Gravelines, 62100 Calais
13h – Départ de la marche à partir de la Rue des Garennes en direction du port
14h – Rassemblement le long des grilles du port (Av J-Y Cousteau)
Temps d’expression artistique avec des toiles accrochées au grille du port
Lecture de la Déclaration commune de solidarité et signature par l’ensemble des participants (
Temps de commémoration pour les morts aux frontières – minute de silence avec l’ensemble des participants allongés sur le sol
Un moment « Make it personnal » – Partage avec les réfugiés: les participants peuvent venir avec une lettre de bienvenue et éventuellement un vêtement chaud à offrir à une personne exilée
Qui suis-je ? Portrait de personnes avec un panneau « I am… » (je suis… un père, je suis… un ingénieur, je suis… Ibrahim, je suis … un fils de réfugié… je ne suis pas illégal….)
Portrait de citoyens solidaires avec l’association Terre d’Errance Norrent Fontes, poursuivie en justice pour avoir construit un abris pour les exilés.
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